lundi 9 avril 2012

Le mystérieux Monsieur Mantin

Louis Mantin est né à Moulins en 1851 dans une famille riche. Il fait une carrière administrative relativement modeste, conseiller de préfecture à Gap en 1879 et à Montpellier en 1880, sous-préfet d'Embrun de 1880 à 1882, il finit sa carrière à 42 ans comme secrétaire général de la préfecture de Limoges en 1893, faisant valoir ses droits à la retraite. Il revient à Moulins, où il vit retiré, recevant peu et meurt à 54 ans en 1905.


Une des rares photographies de Louis Mantin 
qui nous restent.


Rien dans cette vie de très passionnant. C'est post-mortem que Louis Mantin devient intéressant. Très riche, il s'est fait construire un somptueux hôtel particulier au centre de Moulins. A sa mort, il lègue sa maison et ses collections à la ville de Moulins sous condition que la maison soit conservée intacte pendant 100 ans comme spécimen de maison bourgeoise du XIXème siècle. Une autre condition est la construction d'un musée à son voisinage dans les cinq ans suivant sa mort, sinon la maison serait léguée à sa nièce.
Ses volontés ont été suivies et la Maison Mantin a ouvert ses portes, restaurée, en 2010.
C'est à deux architectes locaux, Jean-Bélisaire Moreau (1828-1899) et son fils René-Justin Moreau (1858-1924) qu'il demande de construire la maison, à partir de 1893.
Les Moreau sont en pleine phase néo-gothiques, restaurant et construisant les nombreux châteaux de la région. Ils jouent un peu les Viollet-le-Duc locaux. Tous les deux ont été inspecteurs des monuments historiques.

Chateau-Dauphin, Pontgibaud. Restauré en 1885.



Château de La Palisse. Restauré de 1885 à 1888.


Jean-Bélisaire Moreau. Château de Contresol, 
Le Donjon. Construit en style Renaissance.


René-Justin Moreau. Caisse d'épargne de Moulins. 
Construite en 1898, style néo-Louis XIII.


Jean-Bélisaire Moreau. Château d'Esmyard. Construit en 1898, style néo-Louis XIII, aujourd'hui détruit.


Après 1900, René-Justin Moreau va se convertir à un Art Nouveau très sage, à l'œuvre notamment, dans les hôtels qu'il construisit à Vichy.

Hôtel Astoria, Vichy. 1910. Photo vers 1950.


Hôtel Carlton, Vichy. 1912. Photo vers 1940.


L'architecte prévoit de construire une maison de style néo-gothique, d'autant que le terrain que possède Louis Mantin est situé sur une partie des ruines du Palais Ducal des Bourbons. En 1894, Louis Mantin dépose une sac de pièce d'or dans les fondations. En cours de route, le projet évolue et à son achèvement entre 1895 et 1897, la maison est d'un style très éclectique.

Vues générales de la propriété.




Vue générale de la façade.


Vue de la façade latérale.


Vue de la façade principale.


Louis Mantin était un républicain convaincu. Lorsqu'il commence sa carrière, il n'y a guère de temps que le Comte de Chambord aurait pu devenir devenir Henri V sans sa stupide obstination à conserver le drapeau blanc. Selon les spécialistes de la symbolique franc-maçonne, la maison est riche de détails qui laissent à penser que Louis Mantin était initié. 
L'architecture intérieure est extrêmement éclectique allant du néo-Renaissance au Napoléon III et vise surtout à mettre en valeur les collections qu'avait rassemblé le propriétaire des lieux. Pour autant, la maison présente tout le confort moderne (et rare pour l'époque) depuis l'électricité, une salle de bain et jusqu'à une chasse d'eau. Une partie de la décoration est due à Auguste Sauroy, décorateur du théâtre et du Grand Café, qui appose sa signature en 1896.

La Mosaïque du seuil.

On trouvait le mot Salve dans les maisons romaines


L'entrée de la maison avec un loup empaillé et le 
huit-reflets de Louis Mantin.


La salle de bain.


Un vitrail de la salle de bain indiquant la fin des 
travaux dans cette partie de la maison.


La montée d'escalier.

Un tableau de famille dont Louis Mantin est absent.


Photographie du bureau en 1920.


Le bureau dans son état actuel. 

La grande verdure d'Aubusson date du XVIIIème siècle. Les meubles sont de style néo-gothique ou néo-Renaissance.


Le salon.

Meublé en néo-rococo, il renferme des objets du XVIIIème siècle. Au dessus de la cheminée, le miroir est en réalité une verrière qui permet d'apercevoir le bureau. A l'intérieur du lustre du salon, Louis Mantin a fait disposé trois ampoules bleu, blanc et rouge, pour rappeler son attachement à la république.




Une autre verdure d'Aubusson dans un couloir.


La chambre à coucher de Louis Mantin.

Meublée en style néo-Renaissance, elle est entièrement recouvert de cuir repoussé fait à l'imitation des décors en cuir de Cordou.





Une autre chambre meublée en style rocaille avec 
un lit "à la polonaise".


Une cheminée présentant d'étranges décorations qui 
seraient liées à la Franc-Maçonnerie.



Dans sa maison, Louis Mantin a disposé toute une série d'objets très hétéroclites, souvent ramenés de voyage, parfois très précieux, parfois assez intrigants comme ces petites grenouilles sous globe. On hésite entre la collection artistique et le cabinet de curiosités.


Détail d'une verrière.



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